Berceuse (Kolybelnaïa, Колыбельная) est un moyen métrage documentaire de propagande soviétique réalisé par Dziga Vertov. Le film est sorti à l'automne 1937 ; cinq jours plus tard, il a été retiré de l'écran sans explication et interdit en Union soviétique.
Synopsis
Le film commence par un générique indiquant que dans toutes les villes et tous les villages d'URSS, « les femmes libérées chantent à leurs enfants une berceuse du bonheur ». La première et la deuxième partie du film sont des fragments lyriques de la vie dans les années 1930 : des femmes qui accouchent dans un service hospitalier, des bébés dans des landaus, des enfants dans une ronde, des écoliers à leur pupitre, une jeune pianiste à côté de son professeur, des étudiants dans un studio de chorégraphie, des femmes dans les champs, dans une usine, lors d'un saut en parachute, au moment des vendanges. La chronique est accompagnée de courts commentaires de l'auteur : « Vos mains sont heureuses de travailler », « Et vous survolez le monde », etc.
La troisième partie du film comprend des séquences tournées lors d'événements officiels : Staline et d'autres dirigeants soviétiques accueillent les déléguées à la Conférence des femmes de toute l'Union ; une participante à l'événement parle à la tribune de l'importance de l'article 122 de la Constitution, qui donne aux femmes « la possibilité d'étudier, de construire et de vivre heureuses » ; une jeune pionnière fait un reportage sur les clubs fréquentés par les écoliers. Dans la dernière partie du film, des images d'actualité de la guerre civile espagnole sont juxtaposées à des images de vols d'entraînement en Union soviétique.
Fiche technique
- Titre français : Berceuse
- Titre original : Колыбельная, Kolybelnaïa
- Réalisation : Dziga Vertov
- Montage : Elisabeth Svilova
- Musique : Dmitri Pokrass et Daniil Pokrass
- Pays de production : Union soviétique
- Société de production : Soyouzkinokhronika
- Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Son mono - 35 mm
- Durée : 58 minutes
- Genre : film documentaire
- Dates de sortie :
- Union soviétique :
Production
Les historiens du cinéma qui ont analysé les premières versions du scénario écrit par Dziga Vertov en 1935-1936 sont arrivés à la conclusion que l'idée originale du réalisateur était loin d'être la version finale : la première version, intitulée « Filles de deux mondes », était censée comparer le sort des femmes dans la société soviétique, pré-révolutionnaire et occidentale. Selon l'historien du cinéma Alexandre Deriabine, les notes du réalisateur étaient d'une part étonnamment extravagantes, mais ressemblaient d'autre part à un collage complexe dans lequel les conclusions de l'auteur étaient combinées avec des clichés de journaux et des extraits de chansons soviétiques : « Dès les premières pages, la simplicité de la propagande se mêle à des intonations lyriques, la nature choquante des premiers manifestes de Vertov et, probablement, les complexes subconscients de Vertov refont soudainement surface »,.
Exploitation et censure
Le premier scénario a été rejeté « en raison de son absurdité », mais certaines de ses idées ont néanmoins été utilisées dans la version finale de Berceuse. Le thème lui-même suggère la loyauté envers le régime, et la presse prépare à l'avance le public à ce nouveau film : en particulier, le journal Izvestia rapporte à l'automne 1937 qu'à la veille du 20e anniversaire de la Révolution d'Octobre, un film racontant « le destin heureux d'une femme soviétique » sortira sur les écrans. Le film Berceuse est bien sorti en salles, mais cinq jours plus tard, toutes les séances ont été annulées sans explication. L'interdiction ne concernait que le film et non la chanson de Dmitri et Daniil Pokrass, :
Accueil critique
Malgré l'interdiction, Berceuse a retenu l'attention des historiens du cinéma de différentes époques. Ainsi, l'une des critiques détaillées du film a été publiée pendant le dégel de Khrouchtchev : l'auteur du livre Dziga Vertov (1962), N. P. Abramov, a noté que le film du réalisateur d'avant-garde était une réponse polémique au drame cinématographique Intolérance (1916) de David Griffith. Qualifiant le film de Vertov de « chanson sur une mère », Abramov a mis l'accent sur les deux premières parties du film, qu'il considère comme des « chefs-d'œuvre de montage sonore et visuel ». Les actualités officielles, concentrées dans la partie centrale, ainsi que les derniers épisodes semblent moins réussis aux yeux du critique : ils « ne font que répéter ce qui a déjà été utilisé dans Trois Chants sur Lénine ».
Notes et références
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Колыбельная (фильм, 1937) » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- IMDb
- OFDb
- The Movie Database
- (ru) [vidéo] « Колыбельная (1937) », sur YouTube
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